[Agribusiness Afrique] Développer une offre de produits en conserve

Le naturel et le frais c'est le top mais les conserves ne sont pas mal non plus. Sans menacer les petits producteurs de produits frais, développer une offre de produits en conserve a de nombreux avantages et de nombreuses possibilités de croissance au Cameroun et dans le reste de l'Afrique subsaharienne.

Le marché des conserves en Afrique dominé par le maghreb

Si vous menez votre petite recherche en ligne ou sur les rayons des supermarchés, vous pourrez constater que les produits en conserve sont souvent émis depuis le nord de l'Afrique. Même dans certains cas où vous pensez au premier abord être en face de produits venus d'Europe, vous dégustez en réalité des conserves venues d'Algérie ou du Maroc. Les plus connues sont les sardines pimentées et non pimentées, mais nous consommons également des fruits et légumes, notamment la macédoine, du pâté de boeuf ou de poulet et des fruits macérés.

Le secteur fonctionne, le marché accueille chaque année de nouvelles marques et le déploiement des supermarchés dans notre pays, ainsi que dans d'autres pays africains, participe à rendre ce secteur plus intéressant. De nombreuses marques camerounaises le comprennent.

Les marques locales lancées dans le business des conserves

Certains se sont lancés depuis des années, d'autres ont fait leur entrée au cours de deux dernières années. Cela ne signifie en rien que le marché est saturé mais uniquement que la voie se dégage. Nous ne bénéficions pas comme dans certains pays d'actions en faveur des producteurs locaux ; ni quota imposé, ni communication d'ensemble pour soutenir la promotion et développement des produits. Toutefois, on observe bien le changement, des consommateurs qui prennent de plus en plus conscience de la qualité des produits locaux :

• Légumes séchés
• Epices séchées ou bouillons
• Préparations prêtes à l'emploi...

Ces produits interpellent déjà par leur composition. Ca fait bien plaisir de voir "épices pour kondrè ou mbongo", préparation à base de farine de plantain... Ces produits se basent sur des préparations locales et incitent différents niveaux de ménages à investir dans leur consommation. Les méthodes de conservation varient, tout comme le conditionnement. L'avis de technicien.nes expérimenté.es dans le domaine de la transformation de produits d'origine animale et végétale sera nécessaire. Tout comme d'autres compétences. Si vous avez la compétence technique, faites-vous entourée et former pour les compétences qui vous manquent.

Pourquoi se lancer dans les conserves

Une autre raison à la valorisation des conserves tient justement à la durée de conservation. Nous vivons dans un monde et des temps où assez fréquemment malheureusement il est question de faire des réserves de nourriture. Par anticipation parfois plus que par nécessité. Les conserves permettent de s'organiser en faisant des réserves, faciliter la préparation des produits pour de nombreuses femmes qui travaillent et ont moins de temps à passer devant les fourneaux, rendre la cuisine d'occasion accessible pour des ménages célibataires avec un bon revenu. Cette indication est issue d'une étude privée menée dans la ville de Douala, où le nombre de personnes célibataires ou en concubinage avec un revenu élévé est le plus important au Cameroun (2016).

Conserves d'origine 237 : Des produits en manque de label

Comme je le disais déjà dans la publication sur les produits Bio et naturels, nous sommes sérieusement en manque d'un processus de labelisation fiable sur différentes catégories de produits. Et je parle de labels locaux, pas de mesures importées. Ne comptez pas sur des groupements de protection des consommateurs. Ce sont des entreprises non déclarées. Comme avec les produits faussements européens nous allons nous retrouver avec des faux "made in Cameroon". Ils se serviront du nom, d'un superbe packaging et d'une bonne communication sur les réseaux sociaux et vous en oublierez de lire les composants et leur origine.

Vous pouvez également vous préparer à l'exportation vers l'Europe et l'Amérique, à conditions de vous conformer à la règlementation en vigueur. Ce sont des traitements différents, des précautions différentes, des stratégies différentes. Ce qui ne change pas c'est la nécessité de préparer une solide stratégie de distribution qui sera renforcée par vos contacts et des contrats.

Si vous ne souhaitez pas être producteur, vous pouvez investir en tant que distributeur ou associé dans un projet existant ou en création. Pensez à vous faire accompagner avec des avis de professionnels et d'entrepreneurs. Il y a beaucoup d'argent dans ce genre de projets et donc un certain nombre de personnes malhonnêtes.

Winnie BEYEME NDJOCK